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Tourner la page

2 Août 2015 , Rédigé par Michèle

Tourner la page

Voilà. Ma vie fout le camp, je n'ai plus de repères, plus d'envies, plus de raisons de me battre.

Mon aîné, cet être que j'ai juré de protéger et d'aimer toute ma vie au moment même où j'ai posé les yeux sur lui, ce fils que aurait dû devenir un homme un vrai, est définitivement perdu.

Perdu pour lui, perdu pour la société, perdu pour moi. Schizophrène, il n'aura jamais droit à une vie normale, pas de famille à lui, pas d'avenir, il sera toute sa vie un poids pour le société.

J'ai longtemps essayé de ne pas le voir, de fermer les yeux sur cette triste réalité, là je n'ai pas le choix. Je dois bien admettre que par le mal que je lui ai fait durant son enfance, il sera marqué à vie.

Echec supplémentaire dans le chapelet que je mets un point d'honneur à broder depuis ma naissance, celui-ci est à mon sens le plus dramatique. J'ai bousillé la vie de mon fils.

Tu vas me dire, cher lecteur, que non, ça n'est pas ma faute, qu'il faut que j'arrête de me rendre responsable de tout ce qui foire dans la vie de mes enfants, que leurs choix sont les leurs, et que je n'ai pas à revenir dessus. --c'est gentil, mais tellement erroné.

Je n'ai pas su être la maman des mes enfants. C'est aussi simple que ça.

Mon plus grand regret dans cette vie que je m'obstine à continuer de vire ( va savoir pourquoi) c'est d'avoir par trois fois essayé de me prouver que je pouvais être une mère.

Jamais je n'aurais dû faire des enfants. Je savais bien pourtant que je n'arriverais pas à faire de la chair de ma chair des adultes raisonnables et responsables.

Mon comportement de malade mentale a entraîné ces trois pauvres enfants sur des pentes tellement glissantes que je ne pense pas qu'ils arriveront à les gravir. Pas avec ce que je leur ai donné en tous cas.

J'ai toujours pensé que l'amour était plus fort que tout. Ben non.

L'amour ne suffit pas.

Je n'ai pas encore compris ce qu'il faut de plus, ce que les autres ont en plus pour réussir là où moi je rate, et à mon âge je pense que c'est pas dans cette vie que j'aurai la solution.

Ma fille, grâce à son caractère en acier trempé, s'en sort pas trop mal, c'est vrai. Mais c'est parce qu'elle a compris très tôt le danger que je représentais, et qu'elle a su prendre ses distances. Refusant très jeune mes ingérences, elle a appris à se débrouiller seule très vite.

Mon cadet, quant à lui, je pense que des années de psychanalyse ne parviendront pas à faire disparaître chez lui ce sentiment tellement fort de culpabilité que moi seule ai suscité chez lui.

Les torrents de larmes que j'ai versés devant lui, qu'il a si tendrement effacés de mes yeux sont autant de poignards plongés dans son coeur si doux, si fragile, si jeune...

C'est une bonne chose qu'il parte habiter avec son papa, en coupant ce cordon qui nous lie, c'est lui qu'il parviendra à protéger.

Je ne parlerai pas d'Olivier C., cet homme qui restera à jamais l'homme de ma vie, mais qui ne veut plus de moi.

J'ai tout perdu. A supposer que j'aie eu quelque chose à un moment dans ma vie, évidemment.

Plus rien à perdre, plus rien à garder, plus personne à aimer. Plus personne qui m'aime.

C'est la vie.

C'est ma vie.

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