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solitaire

4 Novembre 2021 , Rédigé par Michèle

Alors que jusqu'à présent, et tu es bien placé pour le savoir cher lecteur, j'ai toujours parlé de mes prises sans tabou, pudeur, ou même honte, je me rends compte que maintenant, ce qui me fait du mal ne sort plus. Raconter ma vie et mon passé ne m'a jamais posé de problèmes, au contraire, je trouvais une sorte de réconfort à revivre oralement ou par écrit mes galères, et je sentais que les oreilles attentives tiraient quelque chose de mes expériences malheureuses...ou du moins, j'avais l'impression d'avoir cette faculté d'interpeller, voire faire réfléchir mes interlocuteurs.

Ca c'était avant...

Avant quand je pensais avoir encore une petite place dans ce monde. Toute petite, mais cela me suffisait.

Les interactions avec mon entourage de ces dernières semaines viennent de me prouver qu'une fois de plus je me fourvoyais gravement.

Penser avoir une quelconque importance dans la vie de ceux que j'aime...Non mais !!! Pour cela il aurait fallu avoir quelque chose de beau à répandre...

Et bien évidemment, il aurait fallu que je regarde ailleurs que mon nombril, je me serais épargné bien des désagréments. 

Quand je pense à toutes ces années au cours desquelles je pensais avoir droit à un minimum d'attention, j'ai vraiment honte. Comment ne me suis-je pas aperçue avant que mes histoires et ma petite personne n'avaient pas le moindre intérêt?? Penser le contraire est d'une prétention grossière, malhonnête, et impardonnable.

Enfin...pas tout à fait...

Je m'explique:

Tant qu'en parlant de moi je laissais la possibilité aux autres de me dicter ma conduite, faisant en sorte de suivre leurs bons conseils, comme une gamine incapable de savoir ce qui est bien ou mal, tant que je leur laissais le droit de me manipuler, le droit de me dire ce que j'avais à faire et que j'obéissais à leurs directives, mes déboires et mes souffrances leur semblaient intéressantes, rassurantes, et me voir me ridiculiser dans mes souffrances leur donnait ce sentiment de bien-être, les confortant qu'au moins, eux, ne se mettraient jamais dans les positions que je leur dévoilais.

Bref, tant que je restais un jouet de leur bienséance, on me laissait le droit de me raconter, on m'y encourageait même, se délectant de me voir fragilisée, se réjouissant de me manipuler au gré de l'humeur, de la météo, de je ne sais quoi encore: 

-Tu ne devrais pas t'accrocher....Laisse tomber...Oublie ce mec...A ta place, je l'aurais envoyé balader... Achète cette voiture...Prends cet appartement.. Fais ce job... Pense à toi...Sors, fais des rencontres...Amuse toi...Arrête d'aider cette personne...Cesse de l'aimer...Ne côtoie plus cette personne.....

Tant que je suivais aveuglément ces bons conseils, j'étais leur poupée, leur jouet.

Depuis ma retraite, et la prise de conscience que ma vie, c'est moi qui la vis, depuis le départ d'Olivier et cette prise de conscience que personne autour n'a envie de comprendre ce que je vis, j'ai pris de la distance avec ces "Bien-penseur-de-ce-qui-est-le-mieux-pour-moi (!!)"...je me rends compte que faire les choses comme je les sens et non comme on me les dicte fait grincer des dents.

Oh mince...mon entourage est en train de perdre ce qui faisait leur bien, à savoir, me dicter sans scrupules ce qui leur paraît convenable, sans se demander si cela me convient.

Nombre de personnes auxquelles j'ai expliqué ma démarche de prendre mes distances l'ont mal compris, l'ont mal pris. 

Tellement de gens que je croyais mes amis, mes soutiens, mes rocs, m'ont tourné le dos. Me pensant ingrate, égoïste, et ne prennent même plus la peine de me contacter, ne serait-ce que pour me demander comment je vais- J'ai beau leur écrire, pour prendre de leurs nouvelles, c'est très rare qu'on me réponde un "je vais bien", la plupart du temps, je n'ai aucun retour.

La leçon à tirer de ce fait, c'est que oui, mes souffrances et galères n'intéressent personne quand je décide de les gérer selon mon instinct, et non selon le leur. 

Soit.  Comment alors encore oser parler de mon quotidien? Comment avoir encore ce toupet de communiquer ce que j'ai en-dedans? 

J'ai toujours eu peur de déranger les autres, j'ai la preuve que depuis tout ce temps c'était le cas... Oh comme j'ai Honte!!!!

toutes ces années pendant lesquelles je pensais avoir des amis et une famille sincères, alors que je n'étais qu'un bouffon à leurs yeux, voire un boulet..

Comment ai-je pu me tromper à ce point sur ceux que j'aimais, dont l'opinion avait de l'importance pour moi... Gagner leur gentillesse, en obéissant les yeux fermés à leurs injonctions faisait de moi leur objet, et je réalise en écrivant ces lignes à quel point j'ai dû être ridicule à leurs yeux. 

A toi cher lecteur, je confie que jamais ô grand jamais je n'exprime ici une colère ou une amertume à leur égard. Au contraire, je pense sincèrement que n'importe qui autour de moi a agi de manière naturelle, et va savoir, j'aurais sûrement agi aussi de la sorte avec une personne aussi faible et sans intérêt que moi, qu'on soit d'accord.

Non, la colère que je ressens c'est vis-à-vis de moi que je la dirige. Colère, honte, complexe, tous les adjectifs négatifs sont bon à prendre pour exprimer ce que je ressens au fond de moi.

Le truc arrangeant dans cette prise de conscience, c'est que vu que j'ai pris mes distances avec tout mon entourage sans exception, en dehors de mon petit, que lui, doit vivre un enfer de me voir tous les jours, ben je n'ai pas à présenter mes excuses d'avoir été si conne depuis tant d'années...

Du coup, ma solitude toute récente, je la vis comme un soulagement, et je n'ai pas envie d'y mettre un terme.

J'interagis avec les autres quand je n'ai pas le choix, genre pendant mes cours, dans mon futur travail, pour les réunions de famille...Passé ces moments, je me sens de mieux en mieux seule, j'apprends à me faire plaisir, même si c'est encore difficile parce que je ne sais toujours pas ce qui me fait du bien.

Mes jours passent tous pareils, télé, bruit de fond qui m'empêche de réfléchir, siestes entrecoupées de remords face à ce stupide comportement devenu habitude et tellement dérangeant pour les autres....

Envie d'en finir, encore plus qu'avant, parce que je ne vois pas comment je pourrais encore apparaître devant tout ce monde que j'ai amusé sans imaginer que je suis un véritable fardeau pour eux.

Qu'on oublie que j'ai existé me conviendrait bien, pouvoir disparaître sans que personne ne s'en rende compte, serait le top. 

J'ai gêné et emmerdé tous mes proches pendant si longtemps, je sens bien que ça ne serait que leur rendre une part de leur liberté si je ne m'en approche plus.

Ma retraite m'a fait beaucoup de bien, le départ d'Olivier Ph encore plus.

C'est grâce à ce départ que j'ai compris que mon entourage n'a jamais voulu me comprendre ou me venir en aide, mais s'est servi de moi pour juger, condamner, et me faire exécuter les sentences selon leurs codes, sans tenir compte de ma sensibilité, de mes besoins, et de mes envies.

Et je réalise que leurs codes ne sont pas les miens, et que si j'ai autant galéré tout au long de ces années, c'est pas parce que je n'ai pas eu de chance, c'est juste parce que je n'ai pas fait les choses selon mon destin.

Ma mission sur terre, ce n'est pas faire en sorte que tout le monde se sente rassuré par mes erreurs en se disant qu'au grand jamais ils ne feraient les mêmes, non, ma mission c'est faire bouger les mentalités en faisant les choses selon moi, et en montrant que ça marche. 

Quitte à perdre tous ceux que j'aime. Apprendre à ne vivre que pour moi est un défi monumental, mais il va bien falloir que je m'y colle, c'est actuellement la seule opportunité qui s'offre à moi.

Laisser parler mon moi intérieur me fait perdre tous ceux qui comptent à mes yeux, ma famille, mes amis, celui que j'aime. Ne plus pouvoir me manipuler à leur guise les déçoit, et leur fait perdre tout l'intérêt qu'ils avaient pour moi. sans ces manipulations, je ne leur suis plus d'aucune utilité, puisque c'est la seule chose qu'on me trouve de positif. On n'étais d'accord de me voir que pour faire de moi ce que l'in voulait, maintenant que je l'ai compris et que je suis bien décidée à ne plus me laisser influencer, on ne veut plus de moi nulle part, et c'est la preuve que je n'ai rien apporté à tout ce petit monde depuis tout ce temps.

Tant pis, j'ai perdu ceux que j'aime, c'est le prix à payer pour redevenir celle que je suis. 

Du coup, vu sous cet angle, ma solitude devient une amie, non pas un poids lourd, et je la vis bien.

 

Oh bien sûr...par moments j'oublie ce dont j'ai pris conscience ces dernières semaines, et j'ai envie de revoir mes amis, mes enfants, ma famille. Bien sûr j'ai envie de sentir les bras d'un homme me serrer, ses mains sur moi, son corps s'abandonner en moi, revoir le désir dans les yeux de l'homme que j'aime....envie de recommencer à voir du monde...

Puis je me rappelle ce que je suis, ce qu'on veut que je sois, cette incompatibilité entre les 2, et je me ravise.

Non, je ne flancherai pas. Non, je ne contacterai personne aujourd'hui pour savoir comment ça va, non, je n'essaierai pas de voir quelqu'un qui n'en a pas envie.

NON je ne communiquerai pas, je ne raconterai plus ce que je vis, je le garderai pour moi. 

Il est temps de mettre de la distance entre ce que je ressens et ce que je partage. Mon cœur saigne, il se sent seul et abandonné, il ne s'en remettra pas, mais je ne le dirai plus.

Cela n'intéresse personne, surtout depuis depuis que j'ai décidé de n'en faire qu'à ma tête.

Ma souffrance, je la porte désormais en moi tel un trésor, précieux, qui m'appartient et que je chéris. Je ne la partagerai plus, ce monde ne le  mérite pas.

Toi-même cher lecteur, pose-toi la question: 

Me lire ne réveille-t'il pas en toi un désir malsain de juger ma vie en te disant " Merci de ne pas être comme elle, de ne pas être si conne, si vide, si insignifiante. Merci de ne pas être aussi ridicule, aussi stupide, de ne pas tomber dans les pièges qu'elle s'est posés elle-même---Merci d'être moi, suis pas parfait(e), mais au moins je ne suis pas ELLE "

Sois honnête. Ta présence ici te rassure..non, tu n'es pas moi, tu ne connais de mes souffrances que ce que j'en dis ici, et tu as cette chance d'être quelqu'un de bien, que ton entourage aime et respecte. 

Je t'envie, cher lecteur. ta vie, même avec les épreuves que tu subis, a au moins le mérite d'avoir un sens. La mienne ne sert à rien, et la quitter ne changerait rien à la bonne marche de ce monde... Au contraire !

 

 

 

 

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